mardi 14 février 2017

Hommage à Jean Verneaux


Jean Verneaux, c'est presque l'hydrobiologie résumée en un seul nom. L'IBGN, la typologie des cours d'eau, les peuplements piscicoles théoriques, et tant d'autres sujets lui sont associés. 

La thèse de Jean Verneaux, 1973



Voici la préface de sa thèse :

« Il s'agit en fait d'une longue histoire commencée avec mon père il y a quelque vingt-cinq ans sur les berges du Doubs, qui s'achèvera sans doute dans quelques années avec la mort de la rivière (…) L'écologie c'est d'abord et surtout le terrain ; les chercheurs ne le fréquentent jamais assez et la cause première de ce travail est, je crois, constituée par les cours d'eau eux-mêmes, par ce qu'il en reste dois-je actuellement écrire ».


Dans un article de la revue électronique Vertigo, traitant des enjeux politiques de l'indice biotique en France (1964-1969) écrit par Gabrielle Bouleau, on peut lire au sujet de Jean Verneaux

"Trois experts des cours d’eau furent à l’origine de l’indice biotique : Germain Leynaud (adjoint au directeur du laboratoire central d’hydrobiologie), Jean Verneaux et Guy Tufféry. Tous les trois étaient pêcheurs amateurs en rivière et avaient conscience de s’engager dans une lutte politique contre la dégradation des cours d’eau, bien qu’aucun ne se revendique de l’écologie politique."

L’engagement de Jean Verneaux dans la connaissance des invertébrés benthiques relevait davantage d’une passion cognitive (Roux et al., 2009) pour laquelle il éprouvait beaucoup de joie. Il consacrait beaucoup de temps à prélever et déterminer des espèces. Originaire de Besançon, titulaire d’un DES de physiologie animale (1961), chargé de cours au centre d’hydrobiologie à l’université de Franche-Comté, il fut recruté au CERAFER en 1967 pour développer les recherches hydrobiologiques du laboratoire et mettre au point rapidement une méthode pratique de détermination de la qualité des eaux courantes. Il avait été co-fondateur d’une association agréée de pêche et de pisciculture (AAPP) dont son père fut président, puis membre du bureau de la fédération de pêche du Jura. Il avait exercé les fonctions de garde-pêche privé et effectué des relevés de faune benthique pour sa propre curiosité dès 1959. Il publia en 1966, un profil biologique du Doubs dans le bulletin de la société d’histoire naturelle. C’est également sur le Doubs et ses affluents que porte sa thèse d’état. Il partageait avec Leynaud le projet politique de rendre publiquement visible la dégradation biologique des cours d’eau. 

Voici à ce sujet une vidéo où Monsieur Verneaux est interviewé à propos du Doubs en 1973 (à partir de 3:45).




Pour moi, Jean Verneaux restera bien sûr associé au DESS d'hydrobiologie de Besançon, "mon" DESS. Promotion 2002/2003, j'ai eu la chance de suivre les cours de cet homme, charismatique, le visage marqué, sa cigarette à la main... Parfois les cours tenaient plus de la leçon d'écologie qu'à l’enseignement théorique, martelant que nous devrions protéger en priorité ce qui est encore sauvable parmi les milieux aquatiques et la faune qui leurs sont inféodés. Il fut aussi mon référant dans la rédaction de mon mémoire de fin d'étude, m'aidant à la détermination de la macro-faune benthique des cours d'eau jurassiens impactés par la viticulture...

Finalement, ce blog, c'est aussi grâce à lui qu'il existe...  

Jean Verneaux nous a quitté le 10 février 2017 à l'âge de 80 ans.

Merci pour tout Monsieur Verneaux. 

3 commentaires:

  1. Bel hommage au travers de cet article. Malgré les critiques faites à l'égard de son travail ; on trouve toujours à dire, même sur les très bonnes choses ; Mr VERNEAUX restera un "grand" pour l'apport scientifique issu de ses recherches, son implication et ses idées.
    J'espère qu'il pourra contempler de là haut que l'énergie dépensée pour protéger les milieux aquatiques ne fut pas inutile...

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  2. Respect à vous Monsieur Verneaux. ..
    Merci....... merci pour ce que vous m'avez mis dans le crâne. ....!
    Nicolas Guibert

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  3. Merci pour cet hommage Marie.Une grande perte pour l'écologie aquatique, le Doubs et nous tous...Mais voyons devant, son talent de pédagogue et de conteur lui a donné une certaine immortalité en transmettant une partie de son savoir, de sa façon de pensée en chacun de ses étudiants.
    Thibault

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