Le Québec me fascine et, grâce au jumelage avec la ville de
Bordeaux, j’ai pu y travailler 2 mois au cours de l’été 2001. J’ai
d’ailleurs passé quelques semaines au service environnement de la ville
de Québec (analyses d’eau notamment).
Alors, toujours avec mes écrevisses en tête, je me suis demandée quelles étaient les espèces présentes au Québec ?
Quelques recherches m’ont permis de me constituer une petite base
bibliographique et notamment un rapport du Ministère des Ressources
Naturelles et de la Faune :
LES ÉCREVISSES DU QUÉBEC
Biologie, identification et répartition géographique
Jean Dubé et Jean-François Desroches
Dont vous pourrez trouver le texte intégral ici : http://www.mrn.gouv.qc.ca/publications/faune/ecrevisses-du-quebec.pdf
Voici une rapide synthèse de ce document mais surtout des éléments, parfois anecdotiques qui m’ont marquée.
Bien évidemment, les espèces d’écrevisses présentes sur le sol
québécois ne sont pas les mêmes que celles présentes en France. Sur
notre continent, l’écrevisse autochtone est principalement du genre
Astacus alors qu’en Amérique du Nord, il s’agit bien entendu
d’Orconectes !
8 espèces au total sont présentes au Québec :
Le nouveau nom français est celui proposé par les auteurs dans ce
document, face à l’absence de nom pour certaines espèces. Parmi ces 8
espèces, 4 sont indigènes au Québec. Toutefois, l’apparition des autres
espèces provient le plus souvent de remontées plus ou moins naturelles
depuis les Etats-unis ou du Canada (parfois par le biais de canaux
construits par l’homme).
Les espèces indigènes : l’écrevisse à pinces bleues, l’écrevisse à
rostre caréné et l’écrevisse de ruisseau. L’écrevisse à épines, est
considérée comme indigène récente, bien que sa présence relève
vraisemblablement d’une extension d’aire suite à des transferts
anthropiques . Les quatre autres espèces ne sont observées que depuis
moins de 20 ans.
L’écrevisse à pinces bleues est l’espèce autochtone par excellence au
Québec. Et, comme chez nous, l’écrevisse américaine, ici appelée
écrevisse à épine (bien qu’elle soit mentionné comme américaine dans la
loi pêche) entre en compétition avec l’écrevisse à pinces bleues et un
effet négatif est observé depuis plusieurs dizaine d’années. De plus, un
phénomène de croisement entre l’écrevisse à rostre caréné et
l’écrevisse à épines est aussi connu, ce qui peut grandement en
compliquer l’identification mais aussi compliquer la préservation de
l’espèce autochtone.
L’écrevisse à tache rouge, bien qu’encore peu représentée, est
envahissante et commence à remplacer l’écrevisse à rostre caréné et
l’écrevisse à pinces bleues dans certains états américains . Elle était
utilisée aux États-Unis comme appât pour la pêche sportive.
La principale menace identifiée pour les espèces les plus sensibles
est l’acidification du milieu (pluies acides). La plupart de ces espèces
sont en revanche assez peu sensibles aux métaux lourds bien qu’il y ait
une réelle bioaccumulation. Les rejets d’aluminium semblent aussi être
identifiés comme néfaste à l’ensemble des espèces.
Une petite anecdote marquante de cette publication concerne la
différence dans la manière de mesurer les écrevisses (toutefois, le
système métrique est utilisé). En France, nous mesurons du bout du
rostre au bout du Telson alors qu’ici, les écrevisses sont mesurées du
bout du rostre à la limite de l’abdomen comme en témoigne cette photo :
Ce petit rapport continent une clef d’identification et présente
assez précisément les zones d’observation pour chacune des espèces.