De retour d’un fantastique voyage en Australie je me dois de partager
avec vous cette expérience ! Bien entendu l’un des premiers objectifs
de ce voyage était « le safari-photo »… A la recherche des espèces
rares, des paysages à couper le souffle et de la lumière de coucher de
soleil qui permet de faire flamboyer les couleurs. De nombreux articles à
venir me permettront de vous montrer tout ça. Mais aujourd’hui, je vais
commencer par vous parler de … l’écrevisse australienne bien sûr !
Malheureusement, la période était peu favorable à l’observation de
cette dernière car d’une part nous étions en hiver donc en saison sèche
(appelée « dry ») et la plupart des rivières étaient donc à sec. D’autre
part, comme toutes les écrevisses, elle s’observe plus favorablement la
nuit et il nous était difficile de nous déplacer dans les cours d’eau
après le coucher du soleil (les grands parcs naturels ne sont pas
ouverts aux touristes la nuit et je ne préférais pas tenter l’expérience
de croiser un ranger en n’étant pas dans mon bon droit… De plus,
conduire la nuit relève d’une opération suicide vu la circulation des
road train et les kangourous qui traversent comme des fous sans gilet
jaune). Je n’ai donc pu l’observer qu’en aquarium.
Bref, je vais donc vous parler de Yabby, l’écrevisse
australienne parfois appelée écrevisse de Murray et dont le nom latin
est bien antagonique de ce petit nom mignon digne d’un jeu vidéo… En
effet, son nom scientifique est Cherax destructor !
L’Australie est le pays de tous les superlatifs et contrastes et cette écrevisse illustre finalement assez bien cela.
Elle est assez commune dans les états du sud de l’Australie, plus
rare dans le nord. Dans l’état d’Australie occidentale, elle est classée
comme envahissante, y ayant été introduite et générant une compétition
avec l’espèce locale. Pourtant, elle revêt un statut de protection,
jugée vulnérable par l’UICN… Peut-être est-ce lié au fait qu’elle soit
strictement endémique de l’Australie.
(crédit photo Rob Mc Cormack, issue de NSW aquaculture Association Inc. http://nswaqua.com.au/)
Yabby peut mesurer près de 30 cm de long (je vous rappelle que nos
écrevisses autochtones ne mesurent qu’une dizaine de centimètres… Mieux
vaut comparer Yabby à un homard…). On la trouve aussi bien en étangs
qu’en rivière, en plaine ou en altitude, mais ne semble pas pour autant
supporter les températures faibles (inférieures à 16°, elle entre en
hibernation). Elle est très résistante à la sécheresse, caractéristique
indispensable dans ce pays qui subit le « dry ». Elle peut ainsi vivre
dans les cours d’eau intermittents et passer de longues périodes de
sécheresse en s’enfonçant profondément dans le substrat et en réduisant
son métabolisme.
Son nom d’écrevisse de Murray est lié au fait qu’elle est issue du
bassin de la rivière Murray Darling. En outre, elle constitue un élément
important dans le régime alimentaire de la morue de Murray, poisson
carnassier d’eau douce, endémique et emblématique de l’Australie.
Capable de détruire les petits barrages lorsqu’elle creuse les
berges, elle est parfois aussi problématique à ce sujet dans certains
bassins d’Australie, d’où certainement son nom latin. Cette espèce n’est
pas du tout présente en France et heureusement car je ne donnerais pas
cher de la peau de nos écrevisses à pieds blancs face à ce monstre !
Mais attention car ces caractéristiques et sa couleur souvent très
bleutée en font une écrevisse très appréciée des aquariophiles…