dimanche 30 septembre 2012

Yabby l'écrevisse australienne

De retour d’un fantastique voyage en Australie je me dois de partager avec  vous cette expérience ! Bien entendu l’un des premiers objectifs de ce voyage était « le safari-photo »… A la recherche des espèces rares, des paysages à couper le souffle et de la lumière de coucher de soleil qui permet de faire flamboyer les couleurs. De nombreux articles à venir me permettront de vous montrer tout ça. Mais aujourd’hui, je vais commencer par vous parler de … l’écrevisse australienne bien sûr !

Malheureusement, la période était peu favorable à l’observation de cette dernière car d’une part nous étions en hiver donc en saison sèche (appelée « dry ») et la plupart des rivières étaient donc à sec. D’autre part, comme toutes les écrevisses, elle s’observe plus favorablement la nuit et il nous était difficile de nous déplacer dans les cours d’eau après le coucher du soleil (les grands parcs naturels ne sont pas ouverts aux touristes la nuit et je ne préférais pas tenter l’expérience de croiser un ranger en n’étant pas dans mon bon droit… De plus, conduire la nuit relève d’une opération suicide vu la circulation des road train et les kangourous qui traversent comme des fous sans gilet jaune).  Je n’ai donc pu l’observer qu’en aquarium.

Bref, je vais donc vous parler de Yabby, l’écrevisse australienne parfois appelée écrevisse de Murray et dont le nom latin est bien antagonique de ce petit nom mignon digne d’un jeu vidéo… En effet, son nom scientifique est Cherax destructor !

Yabby panneau

L’Australie est le pays de tous les superlatifs et contrastes et cette écrevisse illustre finalement assez bien cela.

Elle est assez commune dans les états du sud de l’Australie, plus rare dans le nord. Dans l’état d’Australie occidentale, elle est classée comme envahissante, y ayant été introduite et générant une compétition avec l’espèce locale. Pourtant, elle revêt un statut de protection, jugée vulnérable par l’UICN… Peut-être est-ce lié au fait qu’elle soit strictement endémique de l’Australie.

grosse Yabby
(crédit photo Rob Mc Cormack, issue de NSW aquaculture Association Inc. http://nswaqua.com.au/)

Yabby peut mesurer près de 30 cm de long (je vous rappelle que nos écrevisses autochtones ne mesurent qu’une dizaine de centimètres… Mieux vaut comparer Yabby à un homard…). On la trouve aussi bien en étangs qu’en rivière, en plaine ou en altitude, mais ne semble pas pour autant supporter les températures faibles (inférieures à 16°, elle entre en hibernation). Elle est très résistante à la sécheresse, caractéristique indispensable dans ce pays qui subit le « dry ». Elle peut ainsi vivre dans les cours d’eau intermittents et passer de longues périodes de sécheresse en s’enfonçant profondément dans le substrat et en réduisant son métabolisme.

Son nom d’écrevisse de Murray est  lié au fait qu’elle est issue du bassin de la rivière Murray Darling. En outre, elle constitue un élément important dans le régime alimentaire de la morue de Murray, poisson carnassier d’eau douce, endémique et emblématique de l’Australie.
Capable de détruire les petits barrages lorsqu’elle creuse les berges, elle est parfois aussi problématique à ce sujet dans certains bassins d’Australie, d’où certainement son nom latin. Cette espèce n’est pas du tout présente en France et heureusement car je ne donnerais pas cher de la peau de nos écrevisses à pieds blancs face à ce monstre ! Mais attention car ces caractéristiques et sa couleur souvent très bleutée en font une écrevisse très appréciée des aquariophiles…

Yabby en aquarium

jeudi 6 septembre 2012

Tortue géante des Seychelles

Certes, il s’agit d’une tortue terrestre et nous nous éloignons encore un peu de l’hydrobiologie. Mais j’aime les tortues et les particularités de cette dernière justifient amplement qu’elle soit mise à l’honneur avec un petit poste rien que pour elle. De plus, observée aux Seychelles en 2011, elle donnera un petit goût de voyage en cette période de rentrée.

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Son nom de géante, Aldabrachelys gigantea,  nous indique bien qu’il s’agit de la tortue de tous les superlatifs…
  • La plus grosse : les mâles peuvent atteindre 1,20 m pour 300 kg … Par comparaison, la tortue des Galapagos ne dépasse pas 250 kg.
  • La plus grande longévité : elle peut dépasser  150 ans. Esmeralda, la tortue emblématique de l’île de Bird serait née en 1771 !!
Elle est parfois appelée Dipsochelys elephantina et beaucoup de questions concernant la classification sont encore à l’étude. Elle est parfois considérée comme de la même espèce que la tortue anciennement présente à Madagascar. Les études génétiques actuelles tendent à considérer qu’il s’agit d’une tortue endémique des Seychelles (originaire des Seychelles et ne se trouvant qu’aux Seychelles) et plus particulièrement de l’île d’Aldabra. Aujourd’hui, c’est sur cette île que vit la plus grande population de l’espèce (150 000 individus).

 1/ Biologie

cycle vie tortue

Compte-tenu de sa grande espérance de vie, il n’est pas étonnant qu’elle n’atteigne sa maturité sexuelle que vers 20  ans ! Elle ne pond que 40 œufs par an au maximum avec une incubation  de 110 à 250 jours. La réussite de la reproduction est donc faible, d’autant qu’à la naissance, les petites tortues pèsent moins de 50 grammes… Elles sont donc alors des proies très faciles pour les prédateurs (crabes notamment).

De plus, les noix des cocotiers de mer (les fameuses coco-fesse, endémiques des Seychelles) pouvant atteindre plus de 20 kg, peuvent, lorsqu’elles tombent, sérieusement blesser les tortues qui se réfugient à l’ombre de ces arbres.

blessure de coco fesse
 Blessure liée à une coco-fesse

coco-fesse

2/Mesures de Protection

Longtemps embarquée en masse et consommée sur les navires par les marins parcourant la route des Indes au XVIème siècle, cette tortue fait désormais l’objet de programmes de protection.  Aldabra a été leur refuge car les bateaux ne pouvaient accoster sur l’île. Certaines sous espèces sont proches de l’extinction et aux Seychelles un travail de conservation est dirigé par “The Nature Protection Trust of Seychelles”.

L’espèce a historiquement  été introduite sur l’île Curieuse (Seychelles), où j’ai pu l’observer. Aujourd’hui, une structure de conservation de l’espèce s’y est donc développée, avec nurserie et centre médical adapté. Elle a aussi été introduite sur d’autres îles de l’archipel des Seychelles, toujours dans un but de conservation (cette tortue figure en Annexe II de la Convention de Washington et en Annexe B du règlement communautaire).

Espérons que ce type d’initiative soit suffisant puisque le 24 juin dernier, Georges le solitaire, dernier survivant d’une espèce de tortue géante Geochelone abigdoni est mort dans les îles Galapagos.

dscf0216.JPG