lundi 14 octobre 2013

Le tuf


Ceux qui ont déjà randonné dans le Jura ont probablement eu l'occasion de photographier la magnifique cascade des tufs de la Cuisance ou celle de la reculée de Baume les messieurs sur la Seille. 

1. Définition




Le tuf est une concrétion calcaire, une roche d'origine sédimentaire. Elle provient de la dissolution des ions de carbone qui précipitent en s'associant avec les débris végétaux, microalgues, coquilles etc. 
Le tuf est aussi appelé "travertin". Pour des cascades comme celles du Jura, on parle parfois de source pétrifiante. 


Toutefois, les formations de tuf sont d'origine complexe, notamment en raison de l'association du carbone avec des formations végétales particulières. Il découle d'une réaction chimique : Le gaz carbonique libéré est utilisé par les végétaux pendant que le calcaire précipite. 


La grande majorité des tufs sont donc des matériaux calcaires de précipitation dite chlorophylienne. Au delà du processus physico-chimique, c'est donc la structure vivante (bryophyte, algues) qui permet la fixation des cristaux entre eux. Leur formation est donc totalement conditionnée par une qualité d'eau, la présence de certaines formations végétales. Toute modification biologique ou chimique pourrait totalement altérer ces formations et il est donc primordial de protéger ces biotopes.


2. Protection

Les sources pétrifiantes sont donc protégées au titre de la directive "habitats-faune-flore" sous l’appellation 7220 "Sources pétrifiantes avec formation de tuf". 





 153 sites sont actuellement protégés à ce titre en France


3. Pour en savoir plus

La fiche de description du Muséum d'Histoire Naturelle ici


Une étude sur les formations tufeuses et les groupements aquatiques associés a été réalisée pour la Cuisance. Vous pouvez consulter l'étude en intégralité sur ce lien.

samedi 12 octobre 2013

Restauration de la Lemme

Voici un exemple de restauration hydromorophologique de cours d'eau, dans le département du Jura. 

Le site a été présenté lors du colloque "restauration des cours d'eau en zone de marais", qui s'est déroulé les 8 et 9 octobre dernier à Labergement Sainte Marie (25).

1. Le projet

Le constat est simple, la Lemme, petite rivière du Jura( (39) présente un tracé totalement rectifié. Les travaux ont parfois été réalisés au fil des siècles, afin d’assécher le marais qu'elle traverse. Le cours d'eau ainsi "redressé" a perdu ses méandres et 50% de son linéaire. L'association de pêche locale, le parc naturel du haut Jura ainsi que la fédération de pêche du Jura discutent alors d'un projet de reméandrement du cours d'eau dès la fin des années 90. Un projet ambitieux de restauration du cours d'eau voit enfin le jour en 2011.

De nombreuses études sont alors mises en œuvre afin de comprendre le fonctionnement initial de la rivière et pouvoir définir les travaux à effectuer. Bien entendu, l'explication du projet à la population, afin de pouvoir intervenir sur des terrains privés (et pourtant inexploités) est complexe. Par chance, une partie du bassin  versant en rive droite est propriété de la commune.


 La particularité de la Lemme est qu'elle traverse une zone de tourbière qui, avant travaux est en voie de comblement avancé. La restauration de la Lemme aura ainsi plusieurs effets bénéfiques sur la rivière elle-même, sur la nappe d'accompagnement et donc sur la restauration de cette zone humide. A terme les objectifs sont de restaurer 2,5 km de cours d'eau avec 5 km de rives gagnés et 60 ha de zones humides restaurées.

2. Le déroulement


Après que toutes les phases d'étude aient été réalisées, les différents documents légaux publiés etc, la mise en œuvre du chantier a pu débuter. 

Le chantier s'est déroulé en plusieurs étapes sur un an. Les photos des différentes phase de chantier sont visibles sur le site du PNR du Haut Jura ici

1 - Octobre / novembre 2011 : travaux préparatoires, dégagement de l'emprise des futurs méandres, abattage des saules et autres ligneux, broyage de la végétation.

2 - Mars 2012 : marquage du futur tracé permettant de créer le nouveau lit du cours d'eau

3 - Août à octobre 2012 : travaux de terrassement, création du nouveau lit, comblement de l'ancien lit et des drains.

3. Les premiers résultats visuels


Avant de mettre en œuvre les différents inventaires faunistiques et floristiques permettant de juger de la réussite de ce superbe projet, les photos du site, un an après les travaux, sont déjà très parlantes. Voici les photos que j'ai réalisé cette semaine lors de la visite terrain du colloque.

Vue d'ensemble de la tourbière

Un méandre recréé
Le nouveau lit du cours d'eau avec un substrat qui se diversifie peu à peu. L'eau y est extrêmement claire, et affleure en bordure facilitant ainsi les débordements sur le site en période de hautes eaux.

Un aménagement du lit permettant une diversification des habitats

Le nouveau lit
Le marais restauré

Pour finir, deux photos prises par Pierre Durlet, l'animateur du projet au PNR du haut Jura. Le premier cliché a été réalisé en fin 2012, juste après les travaux. On remarque l'ancien tracé ainsi que le nouveau. Le second a été pris au printemps 2013.




Le pôle tourbière propose une petite brochure récapitulative au format pdf, disponible sur ce lien