lundi 28 janvier 2013

Journée mondiale des zones humides

Si je vous dis "que fait-on le 2 février ?", vous allez me répondre : "des crêpes" et vous aurez bien raison ... !

Mais c'est calorique et on a déjà bien mangé pendant les fêtes... Alors, non, je ne vais pas vous donner une recette de crêpes light mais une liste d'activités sympathiques à prévoir, histoire de s'aérer, éliminer les crêpes et surtout de profiter de la journée mondiale des zones humides qui aura lieu le 2 février 2013.


Cette journée existe depuis 2001, différents organismes (gouvernementaux, associatifs, groupes de citoyens etc) commémorent la signature de la convention sur les zones humides, signée le 2 février 1971 (la fameuse convention RAMSAR, du nom de la ville iranienne). Chaque année un thème est donné et tous les intervenants construisent l’événement.

Cette année le thème est "Les zones humides protègent notre eau"

Voici une petite vidéo de la convention Ramsar pour comprendre ce qu'est une zone humide et pourquoi elles ont un rôle majeur !



Aux 4 coins de la France, de nombreuses animations sont organisées. J'ai sélectionné quelques liens qui vous permettront de voir ce qui est organisé près de chez vous :

La LPO a mis en place un carte de France de leurs activités liées à la journée mondiale des zones humides.
La carte
 Voici quelques exemples
  • Dans le Cher (18) il y a une sortie nature pour découvrir le barrage de Bigny Vallenay sur le Cher et les problèmes liés à son avenir. rdv à 14h à l'église de Vallenay
  • En Charente (17), le 3.02, Découverte du rôle et du fonctionnement de la station de lagunage de Rochefort
La région Languedoc Roussillon a réuni toutes les animations dans un même programme que vous pouvez télécharger ici : le programme
Quelques exemples :
  • Tourbière or not tourbière : sortie Nature pour comprendre ce que c'est
  • Une visite de la camargue avec les différents gestionnaires
  • Une journée porte ouverte à la Tour du Vallat
Dans le Médoc : visites d’aménagements et de gestion des milieux par le GASSAUGI (Groupement des associations des Sauvaginiers de la Gironde)
RDV à 9h30 sur la place de l'église d'Hourtin (durée: 2h00).
Animée par Pascal Blanc du GASSAUGI .
Pour mes amis Francs-Comtois, à la maison de l'environnement de Besançon (25), il y a une exposition gratuite de neuf panneaux pour comprendre la valeur des zones humides, mieux connaître leurs différents visages, et donner envie de les protéger. 
En Vendée (85) , la réserve Naturelle Régionale du marais de la Vacherie organise une sortie de 2h une sortie pour découvrir les différents modes de gestion de l’eau en fonction des différents usages. 
Et sur le portail EAUFRANCE : vous pourrez rechercher les activités organisées près de chez vous avec un véritable moteur de recherche

Bonne Chandeleur et bonne journée mondiale des zones humides !!

mardi 22 janvier 2013

2ème Rencontres Eau, espaces, espèces 12 et 13 mars 2013



J'avais déjà mentionné ces rencontres dans un précédent article mais le programme s'est précisé.

« Préservation des zones humides, de la continuité écologique et de la biodiversité »

12 et 13 mars 2013 - Centre de congrès Vinci - Tours (37)  

Ces Rencontres seront l’occasion de présenter des projets réalisés dans le cadre de la plate-forme Eau, espaces, espèces du plan Loire grandeur nature (2007-2013). Au travers d’ateliers thématiques et de plénières, elles permettront d’échanger également à partir d’expériences développées sur d’autres bassins fluviaux en faisant le lien avec l’évolution des politiques publiques (zones humides, trame verte et bleue, stratégie de création d’aires protégées …).
Elles s’adressent aux maîtres d’ouvrage, organismes et institutions concernés par ces thématiques sur le bassin de la Loire ou d’autres fleuves français ou européens.

Le programme est accessible ici : programme
Pour s'inscrire c'est ici : inscription

Pour ma part j'y serai ! Je participerai aux ateliers concernant la continuité écologique.  

dimanche 20 janvier 2013

Interview

Nicolas Germain est un passionné de pêche et notamment de pêche à la mouche.

Il est aussi un passionné de rivières et s'implique activement dans leur protection et leur gestion. Ces différents sujets lui inspirent son blog. Et j'ai eu la chance qu'il s'intéresse au mien.

Il m'a interviewé et a donc publié un article concernant l'hydrobioloblog : vous comprendrez quelles sont mes motivations pour écrire ce blog et vous en saurez plus à mon sujet.

Merci encore Nicolas!

Cliquez ici pour lire l'article sur le blog Nicolas 39

http://www.nicolas39-peche-mouche.com/public/Divers/Marie/.Marie_3_m.jpg

jeudi 17 janvier 2013

Les dégradations des cours d'eau


La restauration des cours d’eau, 2ème partie

Aujourd’hui, suite de notre série d’articles concernant la restauration des cours d’eau.

Nous avons vu dans la première partie ce qu’est un cours d’eau présentant un bon fonctionnement. Aujourd’hui nous allons voir ce qu’est un cours d’eau « dégradé ». Bien entendu, je ne vais parler que des dégradations physiques et non pas des dégradations chimiques. Toutefois,  les deux sont parfois étroitement liées et une dégradation physique est bien souvent la cause d’une dégradation de la qualité chimique.

Cet article sera bien plus une leçon d’histoire qu’une approche de l’hydrobiologie.  Les dégradations physiques découlent d'aménagements et de remaniements de cours d’eau par l'homme. La plupart datent d’un temps… que les moins de 50 ans ne peuvent pas connaître ! Et bien plus encore… 

On considèrera qu'une dégradation est une modification par rapport au fonctionnement à l'état naturel.  

Quelles sont les grands types de dégradations et quelles en sont les conséquences ?


1. Les types d'aménagement 

Il est difficile de dresser une liste exhaustive des aménagements qui ont pu être réalisés. Il en existe de grandes catégories mais aussi une multitude d’aménagements localisés, parfois effectués de manière très artisanale. Les plus courants sont les suivants :

  • Dragage : approfondissement du lit
  • Canalisation : bétonnage des berges et parfois du fond
  • Endiguement : augmentation de la hauteur des berges pour éviter le débordement des eaux
  • Rectification du cours : recoupement des méandres, raccourcissement de la longueur du cours d’eau.
  • Recalibrage : augmentation de la capacité du lit en modifiant sa profondeur et sa largeur.
  • Barrage : pour utiliser la force hydraulique ou pour stocker de l’eau
  • Création de chenaux : pour alimenter les moulins ou pour l’irrigation
Notons que l’extraction des matériaux du lit, qui n’est pas un aménagement en soit, a eu des conséquences directe sur la qualité physique des cours d’eau. 

Les objectifs, lors de ces aménagements, étaient alors jugés comme légitimes : protéger des inondations, faciliter la navigation, alimenter en eau potable, créer de l’énergie…. Mais ils ont longtemps été réalisés avec une connaissance très partielle des fonctionnements hydrologique et écologique des systèmes fluviaux… Et pour cause, c’est au cours des deux dernières décennies que les connaissances en la matière ont réellement évolué. 

2. L'histoire des aménagements

2.1. Remembrements
Comme je le disais, les aménagements et modifications des cours d’eau sont parfois très anciens. Dès l’occupation romaine un remembrement a été effectué afin de maîtriser l’espace (pour établir une sorte de cadastre, pour mieux valoriser les routes etc.) et pour réaliser les voies romaines.Le remembrement peut générer toute sorte d'aménagement tel que recalibrage, canalisation et rectification du cours.

On observe aussi de fortes  modifications des cours d’eau dans le cadre de l’urbanisation :

Hypothèse d'un détournement de la Meyne à Orange (Vaucluse) dans l'Antiquité


Pour vous documenter sur les grands aménagements hydrauliques à l’époque romaine, voici une étude géo-archéologique de Cécile Allinne http://geomorphologie.revues.org/674 

Les revues historiques parlent aussi de grands remembrements au moyen âge puis en 1707 en Bourgogne. Par la suite, ils se généralisent, avec le soutien des pouvoirs publics. Plusieurs lois instaurent le remembrement au cours du XXème siècle  avec une forte intensification de 1960 à 1980. Environ 15 millions d'hectares ont été remembrés à ce jour en France. 

2.2. Barrages  
La construction de barrages est une activité très ancienne : les premiers ouvrages connus remontent à 5 000 ans et se situent au Proche-Orient. Elle n’a cessé de se développer depuis. Au XXe siècle, les choses s’accélèrent et surtout la hauteur des barrages qui est parfois pharaonique. Le dernier exemple en date concerne la construction du plus grand barrage du monde, en Chine. Edifié sur le fleuve Yangtzé, le barrage des trois gorges atteint une hauteur de 185 mètres et mesure 2.305 mètres de long. Achevé en été 2012, son lac de retenue s’étend sur 600 kilomètres !

 Photo tirée de l'article du point concernant 3 gorges : http://www.lepoint.fr/actualites-monde/2008-05-15/le-barrage-des-trois-gorges-symbole-de-la-puissance-chinoise/924/0/245903 

On recense à l’heure actuelle sur notre planète près de 36 000 barrages de plus de 15 mètres de haut, et l’on continue de construire quelque 500 barrages par an. Selon une étude suédoise, en 1994, 77 % des volumes d’eau charriés par les 139 grands bassins fluviaux de l’hémisphère Nord transitaient par des barrages, canaux ou dérivations. En France, on compte 522 barrages de plus de 15 mètres de haut.

Le référentiel ouvrage compte à ce jour plus de 60 000 aménagements en cours d'eau (barrages, seuils etc).

2.3. Endiguement
Les premières preuves d'endiguement permettant d'éviter les inondations datent là encore de l'époque romaine. Nous connaissons tous des secteurs où les berges ont été surélevées (merlon) permettant de contenir les débordements. 

Là je prendrais un exemple plus près de chez moi : La levée de la Loire.  Les premières traces de cette levée date du 12ème siècle. Ensuite, au fur et à mesure de crues parfois très destructrices, elle a été élevée. 




La levée de la Loire fait à présent plusieurs centaines de km (70 km dans le département du Maine et Loire). 

2.4. Dragage
Durant la seconde moitié du XXe siècle, la réalisation de grands projets d’équipement a nécessité l’emploi d’énormes quantités de matériaux granulaires : des sables et des graviers utilisés pour le terrassement ou la préparation des mortiers et bétons. Ceux-ci ont été extraits du lit des rivières. L’exploitation a été intensive et certaines rivières se sont vues transformées en de véritables carrières. 

Dans le bassin de la Loire, par exemple, le volume des matériaux extraits des cours d’eau atteignait 12 millions de tonnes par an à la fin des années 1970, contre 150 000 tonnes vers 1860.
 
 3. Conséquences des aménagements 
 
Là encore, la liste n'est pas exhaustive et peut-être complétée mais voici une première approche du types d'impacts fréquemment observés. Ces aménagements modifient de façon durable les composantes physiques des cours d’eau :
  • pente,  
  • vitesse du courant,  
  • substrats  
  • forme des berges,  
  • profondeur, 

Ils ont donc des répercussions sur le fonctionnement des écosystèmes qui ne sont pas toujours prévisibles à long terme. En général ils induisent une diminution de la diversité naturelle des habitats et des espèces présentes. 

En outre, l’enfoncement du lit d’un cours d’eau abaisse le niveau de sa nappe d'accompagnement. Les conséquences sont alors directes sur les boisements de berges mais aussi globalement sur la ressource en eau pour les populations et pour l’agriculture par exemple. Mais aussi une disparition des zones humides à proximité.




La modification discontinue et importante du débit induit une modification des habitats. Elle crée des conditions de stress dommageables pour les biocénoses aquatiques. Le fonctionnement intermittent assèche des surfaces très importantes de frayères effectives de certaines espèces de poissons (salmonidés surtout).

Les curages causent le plus souvent des déficits de la charge solide en aval. Le cours d'eau ne peut alors retrouver son équilibre qu'en modifiant sa pente, ce qui se concrétise par une incision c'est à dire un surcreusement du lit.

 
Dans le cadre de la Loire, avant la mise en place de la levée, les écrits anciens décrivent la rivière comme une rivière à tresses. La plaine en rive droite de la Loire n'était alors pas du tout habitée. La modification de la morphodynamique de la rivière est aujourd'hui étonnante, on ne peut absolument plus deviner à quoi elle ressemblait initialement. Mais surtout, le fait de contenir les crues génère souvent des inondations plus importantes dans les secteurs non protégés ou  encore des catastrophes importantes lorsque tout le débit ne passe que dans une seule brèche. La vitesse de courant est alors localement extrêmement forte .  

Ci - après une lithographie d'une brèche dans la Loire lors de la crue de 1856. 160 brèches avaient été dénombrées. L'impact terrible de ces brèches lors des grandes crues n'a pourtant que conforté l'idée générale d'une nécessité des digues ...  


Pour ce qui est des dragages, les impacts directs sont l'augmentation de la turbidité (dommageable aux poissons notamment) et un appauvrissement de l'habitat. De plus ils ont un impact sur l'équilibre sédimentaire et le transport solide. Explication avec la balance de Lane :

  
"Le principe de la dynamique fluviale peut donc être représenté comme l’oscillation permanente de l’aiguille d’une balance dont l’un des plateaux serait rempli de sédiments grossiers (variable Qs), et l’autre d’eau (variable Q). Les quantités respectives et les rapports de ces deux éléments étant extrêmement fluctuants (à l’échelle de la journée, de l’année, du millier d’années), il s’ensuit un ajustement permanent de la morphologie du cours d’eau, autour de conditions moyennes, par le biais des processus d’érosion-dépôt." (Jean-René Malavoi et Jean Paul Bravard « Éléments d’hydromorphologie fluviale"). 

Par conséquent, une modification des sédiments peut engendrer une érosion plus forte dans d'autres secteurs pour combler un déficit.  

4. Et les aménagements appellent les aménagements ... 

En effet, parfois les conséquences d'un aménagement sont elles-même à l'origine de nouveaux aménagements. Les digues appellent les digues ... Sur l'Isère, de grands travaux de remembrements ont eu lieu en 1860, qui ont généré un  relèvement du niveau des embouchures des canaux d’assainissement et la "nécessité" de rehausser encore les digues. L’endiguement généralisé de l’Isère et le rétrécissement de son cours à une largeur de 100 mètres environ (contre près d’un Km auparavant !) ont empêché progressivement la rivière de répandre dans la plaine les matériaux charriés lors de ses crues. Le niveau du fond de son lit s’est donc surélevé petit à petit, rendant les risques de débordement de plus en plus importants, notamment à l’entrée de l’agglomération grenobloise où la pente s’adoucit et où les matériaux se déposent donc plus.  

Pour enrayer l’engraissement du lit de l’Isère à l’entrée de Grenobloise, le méandre du Bois Français a été supprimé en 1968. L’idée était d’accentuer la pente et donc les débits pour éviter le dépôt de sédiments. Mais la coupure de la boucle du Bois Français ainsi que les prélèvements de graviers utilisés pour la construction ont entraîné un surcreusement du lit de l’Isère qui s’est propagé vers l’amont. Il s’est traduit par une déstabilisation des berges à l’origine d’un déchaussement d’ouvrages en place, notamment deux ponts en 1979 et 1981. Le reportage ci après résume bien tout ça.



En conclusion :
    Aujourd’hui, moins de 20 % des rivières européennes sont dans leur état physique naturel.

Avec ce constat,  est-il possible de restaurer et comment ? C'est la question que je traiterai dans le 3ème opus...

dimanche 13 janvier 2013

Le bon fonctionnement d'un cours d'eau

La restauration des cours d’eau 1ère partie

Certains l’ont demandé, je me mets au travail afin d’écrire une série d’articles pour vous expliquer ce qu’est la restauration des cours d’eau. Le sujet est bien vaste et je ne peux pas aisément le résumer avec un seul « poste ». Par conséquent je vais développer le sujet au fil des jours,  de manière cohérente en commençant par reprendre les différentes étapes qui amènent à vouloir restaurer les cours d’eau.

En effet, si nous voulons « restaurer » c’est que le cours d’eau a été « dégradé ». L’objectif principal est de rétablir un « bon fonctionnement du cours d’eau ».

3 questions majeures se posent alors :

  • Qu’est-ce que le bon fonctionnement d’un cours d’eau ?
  • Quels sont les impacts d’une dégradation ?
  • Et par conséquent, peut-on  restaurer ?
Je développerai ensuite une nouvelles séries d’articles avec des exemples de restauration, tel que celui que j’ai déjà décrit  concernant la tourbière du  lac d’Aydat (pour relire le sujet, c’est ici).

Comme toujours, mon objectif sera essentiellement de partager des liens, des vidéos et autres documents des gestionnaires des milieux aquatiques qui ont déjà développé de nombreux supports ludiques sur les sujets liés à la DCE

Aujourd’hui, je commence donc par le commencent et la question de base :

Qu’est-ce que le bon fonctionnement d’un cours d’eau ?

 "Le bon fonctionnement découle d’une hétérogénéité, d’une dynamique naturelle et d’une bonne mobilité dans l’espace. De plus, plus l’hétérogénéité est grande, plus la diversité biologique est grande et plus la résistance spontanée aux modifications et aux agressions. Ces aspects de diversité sont mesurés avec les indices : plus la diversité est grande, plus les notes tendent à être élevées". (Onema, 2010)

Ainsi, ce respect du fonctionnement naturel du cours d’eau contribue à l’atteinte du bon état écologique de la DCE.
 
L’agence de l’eau Seine Normandie a développé un superbe document interactif qui vous permet de comprendre le bon fonctionnement du cours d’eau par compartiment :  la forme de la rivière, la granulométrie, l’érosion, la ripisylve etc… Laissez vous guider par le lien ci après (cliquez sur l’image)



Au final, pour bien comprendre ce qu'est le bon fonctionnement d'un cours d'eau, il faut comprendre les règles qui régissent l'évolution d'un cours d'eau. En effet, la diversité, l'hétérogénéité du cours d'eau dont nous avons parlé plus haut dépendent totalement de l'hydromorphologie du cours d'eau.

L'hydromorphologie correspond à la morphologie des cours d'eau : la largeur du lit, sa profondeur, sa pente, la nature des berges, leur pente, la forme des méandres ... L'hydromorphologie est directement liée à l'hydrologie : chaque rivière se façonne et creuse son lit de manière à pouvoir transporter le débit et les sédiments qu'elle reçoit de l'amont.

Le petit film suivant, réalisé par le ministère du développement durable présente en image une définition de l'hydromorphologie.




Rappelons qu'un cours d’eau qui présente un bon fonctionnement permet :
- une régulation naturelle des étiages et des inondations,
- la fertilisation des plaines,
- la biodiversité
 

mercredi 9 janvier 2013

Lamproie marine

Nous avons déjà parlé de la fraie des lamproies de Planer (pour la séance de rattrapage, c’est ici), aujourd’hui petit zoom sur la fraie des lamproies marines Petromyzon marinus.

La lamproie n’est pas à proprement parlé un poisson mais un agnathe (pas de mâchoire) assez primitif.

1.   Données générales

C’est un animal « serpentiforme » qui atteint la taille de 80 cm à l’âge adulte, pour un poids pouvant aller jusqu’à 1 kg. Ponctuellement des spécimens de presque 2kg ont déjà été recensés ! Elle peut vivre jusqu’à 8 ans et se nourrit exclusivement en parasitant les plus gros poisons (grâce à sa bouche ventouse pourvue de nombreux crochets). Les larves quant à elles filtrent l’eau et se nourrissent de diatomées, algues et petits débris. Il s’agit d’un grand migrateur anadrome (qui vit en eau salée et se reproduit en eau douce).

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Crédit photo LOGRAMI

2.      Protection

 Si je vous parle de cette espèce dans l’hydrobioloblog c’est bien évidemment car elle fut abondante mais qu’elle est devenue rare pour l’ensemble des bassins français (surtout le Rhône). 

 
Carte actuelle de répartition des lamproies marines (source eaufrance.fr)

Comme les autres  grands migrateurs les principales menaces sont les barrages, la destruction des secteurs de frayère par extraction de granulats, la destruction plus générale des habitats et bien entendue la pollution de l’eau.

Aujourd’hui, des mesures de protection de l’espèce ont été mise en place

·  Liste rouge nationale : espèce vulnérable
·  Directive Habitats : annexes II
·  Convention de Berne : annexe III
·  Liste rouge européenne (UICN) : espèce vulnérable

Des mesures de protection des habitats ont aussi été mises en place, dans le cadre des classements des cours d’eau pour les grands migrateurs et des mesures plus locales de protection de frayères (circulaire du 27.07.1990).

3.      Cycle de vie

  
 


Image source : eaufrance.fr

La reproduction a lieu de fin-avril à fin-mai à des températures de 15 à 18°C. Elle a lieu en groupe, sur des faciès de plat courant, constitués de graviers et à une profondeur d’environ 50 cm.

Elle construit un vaste nid en forme de cuvette (diamètre pouvant atteindre 2 m), la femelle se cramponne à une grosse pierre avec sa bouche et elle est couverte par plusieurs mâles qui se fixent sur sa tête.

La ponte s'étale sur plusieurs jours. Les œufs très nombreux (230 000/kg) ne sont pour autant pas tous fécondés. Ils se collent ensuite sous les pierres du nid. Les géniteurs meurent tous après la reproduction.

Les larves (appelées ammocètes,) de 5 mm éclosent après 10-15 jours puis s'enfouissent dans le sable du nid. Elles n’ont ni yeux, ni disque buccal. Après 35-40 jours (10 mm), elles gagnent les « lits » d'ammocètes, zones abritées et sablo-limoneuses pour rester dans un terrier pendant 5 à 7 ans ! Cette longue phase larvaire les rend encore plus vulnérables à la pollution des sédiments.

La métamorphose a lieu à une taille de 130-150 mm (août-octobre). Les petites lamproies dévalent ensuite les rivières (surtout la nuit) pour atteindre la mer en hiver. 

La phase adulte est donc marine. Leur croissance est rapide en parasitant diverses espèces de poissons dont le saumon, la morue, les aloses). Au bout de deux ans, les adultes se présentent dans les estuaires pour commencer la remontée vers les frayères.


4.      Vidéo

 
 Et pour finir voici donc une petite vidéo de frai de lamproie marine, filmée en 2011 dans le bassin de l'Adour.


 Quelques sources d'information :