vendredi 21 juillet 2017

Sarracénie pourpre, une plante vorace !

Premier article d'une série qui sera en lien avec mon voyage au Québec. 

Lors d'une randonnée dans le parc national de la Pointe Taillon, nous avons eu la chance d'observer une plante carnivore, la Sarracénie pourpre



Ce parc est avant tout magnifique puisqu'il est situé sur la pointe d'une presqu'ile du Lac St Jean. Il s'agit d'un petit parc de 92 km2, accessible uniquement à pieds ou en vélo - idéal pour sa conservation. Bord du lac d'un côté, berge de la rivière Péribonka de l'autre et entre les deux une immense zone humide constituée de marais, de tourbières et de petits lacs.





Et au milieu des tourbières, une multitude de Sarracéniee pourpree, Sarracenia purpurea, plante carnivore.





Cette plante est d'ailleurs l’emblème de la province de Terre-Neuve, au Nord du Québec. Elle est originaire de l'Amérique du Nord-Est mais elle aurait été observée dans le Jura (voici un blog qui y fait référence dans les tourbières de Frasne). Au Québec, elle est appelée communément "marmite".


Un écosystème miniature

Comme la plupart des plantes carnivores, elle s'alimente d'insectes pour palier un sol pauvre en nutriment comme c'est le cas des tourbières. Avec ses feuilles en tube, l'eau de pluie s'accumule et les invertébrés viennent s'y noyer. La digestion se fait via la sécrétion d'enzymes mais aussi via les bactéries présentes dans l'eau ainsi que grâce à des larves de mouches présentes sur les feuilles !
les mouches, fourmis ou coléoptères qui se s'y noient sont découpés en plusieurs morceaux par des  larves de moucherons. La chair libérée est alors consommée par des bactéries, qui peuvent à leur tour être englouties par des rotifères. Leurs déjections alimentent alors la plante. Mais ce n'est pas tout. Des larves de mouches peuvent aussi manger les larves de moucherons, les rotifères et les bactéries.


Ce principe assez peu commun même chez les plantes carnivores (qui synthétisent généralement une enzyme capable de digérer les exosquelettes là où la Sarracénie utilise les bactéries contenues dans l'eau) a fortement intéressé le chercheur Benjamin Baiser. En effet : une retenue d'eau, la digestion par des bactéries, par des larves, des apports externes d'eau et d'insectes = un véritable écosystème lacustre miniature ! Il y a vu la possibilité de modéliser le fonctionnement trophique de certains lacs. Ainsi, il a pu y dénombrer jusqu'à 35 organismes différents au même moment (les bactéries comptant pour 1).

Une arme face aux frelons asiatiques ? 

Mouches, fourmis, limace mais parfois même lézards ou tritons se font piéger. Récemment, on a même observé que cette plante était très efficace pour piéger le frelon asiatique.

C'est le jardin botanique de Nantes qui a découvert cette propriété il y a moins de 2 ans. Elle attire le frelon asiatique sans pour autant attirer les autres espèces frelons européens, abeilles, guêpes. 


Alors bien sûr moi je reste toujours très inquiète quand on utilise et qu'on veut faire se développer une plante qui n'est pas historiquement présente dans un milieu ... Tuer un frelon qui vient d'Asie avec une plante qui vient d'Amérique, quelles conséquences sur nos écosystèmes, même si cette espèce de plante n'est pas considérée comme envahissante ?

Affaire à suivre !!

mardi 7 mars 2017

La Maine au coeur d'Angers

La Maine est une rivière bien particulière .... En effet, il s'agit d'une rivière sans Source, la seule ayant cette particularité en France.

1. La Maine, biologie, histoire et géographie succincte.

Carte issue du blog "Angevine"
La Maine nait de la confluence de 3 rivières : le Loir, la Sarthe et la Mayenne et s'achève en se jetant dans la Loire,  après un parcours de seulement 11,5 km.
Dans les écrits historiques et la toponymie, il semblerait que le mot Maine ne soit en fait qu'un raccourci du mot Mayenne et que cette rivière était donc historiquement considérée comme la partie aval de la Mayenne mais avec une appellation locale.

Bien sûr la Maine est une rivière de 2nde catégorie, qui, malgré la présence de frayères à Brochets et d'un peuplement piscicole présentant une belle diversité d'espèces (Bouvière, Gardon, Aspe, Anguille, etc) présente aussi une population de Silures de grande taille non négligeable.

La Maine à Bouchemaine, photo Jacques Mossot


3. La Maine à Angers, évolution des berges

Ceux qui connaissent Angers savent que la Maine, dans cette jolie ville, c'est ça :


Une rivière très contrainte dès lors qu'elle passe sous le pont de l'A11 (au nord) jusqu'à l'écluse en aval de la D323.

La Maine vue depuis le château, photo Angers Mag


Avouons que en dehors de l'agglomération, l'espace de liberté est largement respecté avec les basses vallées angevines en amont et une rivière aux berges très douces en aval, à Bouchemaine. Mais j'ai justement envie de m'intéresser à l'espace contraint de la rivière et son histoire. 

Si on compare les documents anciens, via le site "remonter le temps" on observe déjà une nette évolution de cette contrainte entre 1820 et 2010 ... Observez la largeur du lit du cours d'eau en aval du pont de l'autoroute .... Cette zone est aujourd'hui totalement construite.


Et en me promenant au château d'Angers (gratuit le premier dimanche du mois), j'ai eu la bonne surprise de découvrir les dessins de la ville, au moyen âge, les reconstitutions historiques etc ...

Et là, on découvre une rivière aux multiples îles, bien plus semblable à la Loire. Voici des représentations de la ville quand elle avait encore son mur d'enceinte ...




Alors quand on construit dans  l'espace d’expansion de crue, quand arrive la crue du siècle en 1995, l'eau reprend son chemin préférentiel (photo courrier de l'Ouest en 1995) Toujours vue depuis le château.


Aujourd'hui la ville d'Angers met en place un "grand " projet de reconquête des berges avec une réflexion sur les aménagements des bords de Maine ....

Voici la réunion publique qui explique le projet (vidéo du 18 mai 2015).

Le projet "Angers cœur de Maine" présenté aux Angevins from Ville d'Angers on Vimeo.
la reconqueête

Alors certes, on va redonner un espace piéton, on va pouvoir se promener à pieds en bordure de Maine (alors que cet espace est aujourd'hui totalement occupé par la route).... Les gens pourront de nouveau être reconnectés à la Maine .... Mais peut-on vraiment parler de reconquête des berges ?Toutefois, il est bien sûr utopique d'imaginer "déconstruire" la ville aujourd'hui et si la population se "réapproprie" sa rivière, la perception de l'importance de celle-ci et de la nécessité d'en prendre soin reviendront dans la perception générale.

Le projet : 


vendredi 24 février 2017

Les diatomées, tout un art

Les diatomées sont des microalgues, unicellulaires, ayant une structure externe en silice.

1. Indice Diatomées

Si j'en parle aujourd'hui c'est car elles sont un formidable bio-indicateur de la qualité des eaux douces, utilisées/utilisables dans quasi tous les pays du monde (Europe, Canada, États-Unis, ... ).

En France, elles font l'objet d'un indice, l'IBD (L'Indice Biologique Diatomées - normalisé AFNOR NF T 90-354, décembre 2007) qui permet notamment de traduire le niveau trophique de la station étudiée (c'est à dire sa charge organique).

Voici deux posters édités par la DIREN Île de France qui retracent les modes de prélèvements et les modalités d'étude au laboratoire afin que vous connaissiez les protocoles. 

1er poster

2ème poster

L'indice permet d'obtenir une note sur 20 correspondant à une classe de qualité 

Et voici une interprétation sommaire des différentes classes de qualité


2. L'art Diatomique !

Ces organismes sont tellement beau, que certains passionnés n'hésitent pas à créer des œuvres d'art entre lames et lamelles.

J'ai découvert au hasard d'internet le travail de Dominique Prades, qui fait un travail minutieux au microscope !




Mais aussi des montages datant des années 70 de La California Academy of Sciences







Et enfin le travail de Klaus Kemp, artiste à part entière qui a consacré son œuvre aux diatomées. 
Voici un petit documentaire, en anglais mais qui vous permettra de découvrir cet art et le travail d'assemblage. 


The Diatomist from Matthew Killip on Vimeo.

mercredi 22 février 2017

Syndicat de Rivière (vidéo)


Les syndicats de rivières sont des syndicats regroupant les collectivités territoriales compétentes géographiquement sur un bassin versant ou une grande partie de celui-ci. Ils ont pour objectifs de mener les actions de gestion des cours d'eau et des affluents (restauration des milieux, entretien, animation de la politique de l'eau, ...).

Le syndicat de l'Oudon (53) a réalisé ce film qui explique bien l'histoire de la création de certains syndicats de rivière et quels sont leurs rôles.



Notons que les syndicats de rivière n'ont pas tous la même origine de création. Certains ont été créés dans la continuité des syndicats d'assainissement agricoles ... Il en existe d'ailleurs encore.

vendredi 17 février 2017

Enquête nationale sur les écrevisses

Voici un document compilant les enquêtes écrevisses menées ces dernières années et notamment la synthèse élaborée par l'ONEMA en 2014.

Ce document très complet fait le point sur la situation actuelle pour toutes les espèces d'écrevisses en France ainsi que l'évolution de la situation depuis 40 ans... De plus, je partage ici ce tableau très utile reprenant la règlementation :


Le document publié en septembre 2016 est disponible en ligne ici 






  • Titre : L’enquête nationale sur les écrevisses
PDF - 971.5 ko
  • Auteur : Julie Magnier (OIEau), Katell Petit (OIEau)
  • Coordination : Janik Michon (Onema), Caroline Pénil (Onema), Gaëlle Deronzier (Onema), Marc Collas (Onema)
  • Responsable de rédaction : René ; Lalement (Onema)
  • Éditeur : Office national de l’eau et des milieux aquatiques (Onema)
  • Date : Septembre 2016
  • Langue : FR
  • Nombre de pages : 21
  • Mots-clés : Espèce, Espèce allochtone, Espèce autochtone, Écrevisse, Enquête
  • Emprise géographique : France métropolitaine

mardi 14 février 2017

Hommage à Jean Verneaux


Jean Verneaux, c'est presque l'hydrobiologie résumée en un seul nom. L'IBGN, la typologie des cours d'eau, les peuplements piscicoles théoriques, et tant d'autres sujets lui sont associés. 

La thèse de Jean Verneaux, 1973



Voici la préface de sa thèse :

« Il s'agit en fait d'une longue histoire commencée avec mon père il y a quelque vingt-cinq ans sur les berges du Doubs, qui s'achèvera sans doute dans quelques années avec la mort de la rivière (…) L'écologie c'est d'abord et surtout le terrain ; les chercheurs ne le fréquentent jamais assez et la cause première de ce travail est, je crois, constituée par les cours d'eau eux-mêmes, par ce qu'il en reste dois-je actuellement écrire ».


Dans un article de la revue électronique Vertigo, traitant des enjeux politiques de l'indice biotique en France (1964-1969) écrit par Gabrielle Bouleau, on peut lire au sujet de Jean Verneaux

"Trois experts des cours d’eau furent à l’origine de l’indice biotique : Germain Leynaud (adjoint au directeur du laboratoire central d’hydrobiologie), Jean Verneaux et Guy Tufféry. Tous les trois étaient pêcheurs amateurs en rivière et avaient conscience de s’engager dans une lutte politique contre la dégradation des cours d’eau, bien qu’aucun ne se revendique de l’écologie politique."

L’engagement de Jean Verneaux dans la connaissance des invertébrés benthiques relevait davantage d’une passion cognitive (Roux et al., 2009) pour laquelle il éprouvait beaucoup de joie. Il consacrait beaucoup de temps à prélever et déterminer des espèces. Originaire de Besançon, titulaire d’un DES de physiologie animale (1961), chargé de cours au centre d’hydrobiologie à l’université de Franche-Comté, il fut recruté au CERAFER en 1967 pour développer les recherches hydrobiologiques du laboratoire et mettre au point rapidement une méthode pratique de détermination de la qualité des eaux courantes. Il avait été co-fondateur d’une association agréée de pêche et de pisciculture (AAPP) dont son père fut président, puis membre du bureau de la fédération de pêche du Jura. Il avait exercé les fonctions de garde-pêche privé et effectué des relevés de faune benthique pour sa propre curiosité dès 1959. Il publia en 1966, un profil biologique du Doubs dans le bulletin de la société d’histoire naturelle. C’est également sur le Doubs et ses affluents que porte sa thèse d’état. Il partageait avec Leynaud le projet politique de rendre publiquement visible la dégradation biologique des cours d’eau. 

Voici à ce sujet une vidéo où Monsieur Verneaux est interviewé à propos du Doubs en 1973 (à partir de 3:45).




Pour moi, Jean Verneaux restera bien sûr associé au DESS d'hydrobiologie de Besançon, "mon" DESS. Promotion 2002/2003, j'ai eu la chance de suivre les cours de cet homme, charismatique, le visage marqué, sa cigarette à la main... Parfois les cours tenaient plus de la leçon d'écologie qu'à l’enseignement théorique, martelant que nous devrions protéger en priorité ce qui est encore sauvable parmi les milieux aquatiques et la faune qui leurs sont inféodés. Il fut aussi mon référant dans la rédaction de mon mémoire de fin d'étude, m'aidant à la détermination de la macro-faune benthique des cours d'eau jurassiens impactés par la viticulture...

Finalement, ce blog, c'est aussi grâce à lui qu'il existe...  

Jean Verneaux nous a quitté le 10 février 2017 à l'âge de 80 ans.

Merci pour tout Monsieur Verneaux. 

mercredi 8 février 2017

Espèces exotiques envahissantes en milieux aquatiques

Il existe un Groupe de Travail spécifique aux Invasions BIologiques en Milieux Aquatiques, le GT IBMA, dont j'ai déjà parlé sur ce blog, notamment concernant les écrevisses américaines. 

Ce groupe, dont la coordination et l'animation sont assurés par l'ONEMA et l'UICN, a fait paraître en 2016 un ouvrage en 2 volumes traitant des connaissances pratiques et des expériences de gestion   concernant les espèces exotiques envahissantes. 



Voici d'abord le lien vers le site du GT IBMA, très complet et avec une grosse bibliothèque documentaire.

Et voici les liens pour télécharger les 2 volumes 

Volume 1 Connaissances Pratiques

Volume 2 Expériences et Gestion





lundi 6 février 2017

Association internationale d'astacologie


Il existe une association internationale d'astacologie, créée en Autriche en 1972. L'objectif de cette association est de promouvoir l'étude, la conservation et une utilisation rationnelle des écrevisses.


Via son compte twitter @CrayfishOrg, l'association partage notamment des photos d'écrevisses de différentes espèces à travers le monde. Les photos sont superbes et j'en partage donc quelques unes avec vous sur le blog.

Cambarus (Depressicambarus) clairitae - USA

Cherax pulcher, Indonésie

Cambarus (Jugicambarus) pauleyi, USA


Œufs d'écrevisses sur l'abdomen (souvent les femelles ont d'ailleurs un abdomen plus large)



On trouve aussi sur le site de l'IIA l'ensemble des publications de "freshwater crayfish, a journal of astacology" http://freshwatercrayfish.org/fc.asp?uid=Guest

mercredi 1 février 2017

Définition d'un cours d'eau - évolution 2015

La règlementation qui définit ce qu'est un cours d'eau est floue.

1. Vers une cartographie des cours d'eau

Jusqu'à maintenant, la législation sur l’eau ne reposait pas sur une définition mais sur une "notion" de cours d’eau. Dans le droit français elle n’a jamais fait l’objet d’une définition législative ou réglementaire. La caractérisation d’un cours d’eau était donc basée sur des critères de jurisprudence du Conseil d’Etat ou des divers tribunaux administratifs et Cours d’Appel.

En France, on se retrouvait donc avec une définition quasi au cas par cas et des cartes du réseau hydrographique qui pouvait donc être différentes en fonction des interlocuteurs. Une carte servait à définir les cours d'eau et les obligations de bandes enherbées + la conditionnalité de la PAC pour les agriculteurs, une carte était utilisée par les services de l'état, une carte IGN était une référence pour d'autres etc. Autant d'interlocuteurs et de situations laissant place aux conflits éventuels et à l'interprétation subjective de certains.

La définition jurisprudentielle des cours d’eau, (circulaire de 2005), reposait notamment sur :
  • la présence et la permanence d’un lit naturel à l’origine, distinguant ainsi un cours d’eau d’un canal ou d’un fossé creusé par la main de l’homme mais incluant dans la définition un cours d’eau naturel à l’origine rendu artificiel par la suite,
  • la permanence d’un débit suffisant une majeure partie de l’année.

Depuis 2005, plusieurs démarches ont  été entreprises par le ministère en charge de l’Environnement, afin de clarifier la position de l’Administration et de remédier à cette situation. En 2015, deux actions majeures ont été mises en œuvre :
  • d’une part, une évolution réglementaire dans le cadre de la loi sur la biodiversité de façon à intégrer une définition jurisprudentielle des cours d’eau au code de l’environnement. La définition d'un cours d'eau est alors fondée sur 3 critères cumulatifs obligatoires : 
    • un lit naturel à l'origine
    • l'alimentation par une source
    • posséder un débit suffisant la majeure partie de l'année.
  •  d’autre part, l’établissement d’une cartographie des cours d’eau sur la base de cette définition jurisprudentielle dans le cadre de l’instruction du Gouvernement n° DEVL1506776J du 3 juin 2015. Cette dernière demande en effet aux préfets de réaliser une cartographie complète des cours d’eau partout où cela est possible et de définir une  méthode d’identification des cours d’eau applicable aux territoires où, pour des raisons de complexité et de coût, une identification exhaustive des cours d’eau ne peut être réalisée dans des délais acceptables. 

Au final, c'est cette carte qui servira de référence pour tous les acteurs de l'aménagement et les agriculteurs.

 2. Éléments d'expertise - clefs de détermination

En Maine et Loire, j'étais présente au COPIL qui s'est réuni le 26 janvier 2017. Voici donc le diaporama de restitution de cette cartographie des cours d'eau avec une présentation de la méthode et des exemples de terrain sur la manière de procéder des services de l'état face aux demandes d'expertises.
Diaporama

Un guide méthodologique très complet a été édité par la police de l'eau de la région Midi Pyrénées Guide 

Voici notamment une des clefs de détermination d'un cours d'eau selon la règlementation actuelle (cliquer sur la photo pour l'afficher en plein écran).


Mais on peut aussi trouver via l'agence de l'eau Loire-Bretagne, cette arborescence

Aujourd'hui, tous les départements n'ont pas procédé de la même manière. Les problématiques et les impératifs ne sont pas les mêmes, sans parler des moyens mis en œuvre pour réaliser cette cartographie.

3. Cartographie dynamique

La plupart des départements, à l'heure actuelle, ne propose pas encore de carte unique et il existe donc toujours une carte BCAE (Bonnes conditions agricoles et environnementales) pour les agriculteurs et une carte pour les services de l'état.

Mais, en fonction de leur méthodologie, certains départements sont en mesure de proposer une cartographie dynamique du linéaire de cours d'eau. En fonction des expertises demandées, ce document peut être amené à évoluer.

Quelques exemples  de département présentant une cartographie unique :


Dans le 44 : http://carto.geo-ide.application.developpement-durable.gouv.fr/522/cours_eau_044.map


Dans le 48 : http://cartelie.application.developpement-durable.gouv.fr/cartelie/voir.do?carte=Cours_eau_valide&service=DDT_48
Encore plusieurs secteurs en phase de consultation


Dans le 49 : http://carto.geo-ide.application.developpement-durable.gouv.fr/325/SM_cours_d_eau_EXT_2017.map
On peut notamment choisir de visualiser les cours d'eau busés

mardi 31 janvier 2017

La plus grosse écrevisse du monde

La plus grosse écrevisse du monde

Elle est australienne.

La "Tasmanian Giant freshwater crayfish" - l'écrevisse géante de Tasmanie - Astacopsis gouldi, est localement appelé "lobster" c'est à dire "homard"... A ce stade on comprend donc tout de suite à quoi on à affaire ... Cette espèce est en danger d’extinction en raison de la dégradation de son habitat notamment, refrain que vous avez donc déjà entendu quelque part ... 

Par le passé, il a été répertorié des spécimens de près de 80 cm pour 6 kg. Aujourd'hui, les individus de plus de 2 kg (quand même...) sont rares. C'est l'écrevisse mais aussi le crustacé d'eau douce le plus grand du monde. 

Photo issue du tumblr suivant ironychan


Il s'agit d'une espèce à la croissance très lente mais qui a donc aussi une grande longévité, a priori de plus de 40 ans. Sa maturité sexuelle est atteinte bien plus tard que nos écrevisses autochtones ce qui la rend aussi très vulnérable. Les mâles sont ainsi matures vers 9 ans et les femelles vers 14 ans, sachant que les femelles ne pondent que tous les deux ans. En revanche, une fois l'âge adulte atteint, sa grande taille ne lui confère guère de prédateurs.

Son habitat préférentiel se situe dans les rivières lentes et avec une altitude maximale de 400 m. 

Autrefois capturée (et mangée), sa pêche est aujourd'hui interdite.

Un chercheur travaillant sur cette espèce en Australie, Robert McCormack, partage une de ses sorties de terrain sur son site internet :


D'autres photos et l'explication des recherches de ce groupe ici

mercredi 18 janvier 2017

Kathleen Carpenter, mère de l'hydrobiologie britannique

Aujourd'hui, j'ai découvert l'existence de Kathleen Carpenter, une grande dame de l'hydrobiologie britannique.  

J'ai eu beau chercher sur le net, je n'ai pas trouvé d'articles français à vous partager concernant celle qui est considérée comme "la mère de l'écologie des eaux continentales" au Royaume-Uni. Je vous propose donc de vous traduire (approximativement) un article publié dans le très bon freshwaterblog (l'équivalent anglophone de l'hydrobioloblog !!). J'ai trouvé cet article particulièrement inspirant tant sur le plan de l'hydrobiologie que parce qu'il relate le point de vue d'une femme scientifique. j'aimerais y voir des similitudes avec moi (même si je ne suis pas chercheuse...) quand elle parle de sa manière de transmettre sa passion, de communiquer, de voyager ...  Je crois que j'aurais aimé travailler dans le monde de la recherche et marcher dans ses pas !

Cet article a lui-même été rédigé par une femme scientifique, le Dr Catherine Duigan qui a effectué des recherches concernant le Dr Carpenter. Vous trouverez d'autres éléments de ces recherches sur son blog  https://catherineduigan.wordpress.com/. 
Elle est elle-même chercheur en zooplanction lacustre.
Le Dr Duigan imagine ce que pourrait dire le Dr Carpenter si elle était interviewée de nos jours. 

L'article original est à lire sur ce lien

Ci-après, ma traduction de cet article (je ne suis pas totalement bilingue, que les puristes me pardonnent)

***

Dans son article à l'occasion de la journée internationale de la femme, le Dr Catherine Duigan expose ses recherches concernant Dr Kathleen Carpenter (1891-1970), la mère de l'écologie des eaux douces, afin de suggérer la perception et la sagesse que Carpenter pourrait offrir aux nouvelles générations d'hydrobiologistes.

Screen Shot 2016-03-06 at 15.49.59Photo de Kathleen Carpenter fournie par Piotr F Piesiewicz

Je suis une écologue née à la fin des années 1800 et j'ai écrit le premier livre scientifique britannique traitant d'écologie des eaux douces, "Life in Inland Waters" (La vie dans les eaux continentales - basé sur sa thèse ndl'hydrobioloblog), en 1928. Julian Huxley, l'éditeur, a reconnu que les charmes de l'écologie des eaux douces étaient en ce temps totalement éclipsés par les charmes de sa grande sœur l'écologie marine. Mon livre avait alors pour vocation de permettre un enseignement de terrain en premier cycle et de rééquilibrer la balance.

Heureusement, je suis née à une période où les droits des femmes commençaient à être reconnus. J'ai étudié et travaillé dans les universités d'Europe et des États-Unis qui étaient pionnières dans l'éducation des femmes, dont les universités de Londres, de Aberystwyth au Pays de Galles et de Radcliffe au Massachusetts.

Quand je suis arrivée à Aberystwyth en 1911,  certaines rivières locales étaient dépourvues de vie. Mes recherches ont établi le lien entre l'absence de macroinvertebrés dans ces rivières et l'activité des mines de métaux et ont démontré que les branchies des poissons étaient abimées par la pollution, ce qui menaient souvent à leur asphyxie.

Ma thèse décrivait les différentes zones naturelles des rivières et lacs et a mis en évidence les adaptations des différents biota dans les systèmes aquatiques.  J'ai aussi découvert des reliques d'espèces glaciaires dans les cours d'eau britanniques.  Les étudiants de Aberystwyth continuent aujourd'hui de lire mes publications et la recherche continue.

Quels seraient mes conseils aux futures générations de femmes chercheurs en hydrobiologie ?

Faites quelque chose que vous aimez et qui vous passionne. 

La passion aide à inspirer les prochaines générations. Ce fut pour moi un réel plaisir esthétique et scientifique de décrire et observer les organismes vivant dans les lacs et les rivières. Dans la préface de mon livre, je parle d' "un monde d'infinie beauté, d'infinie variété, d'infini charme". Montrer sa passion fait que les gens y prête attention, ils réalisent que certaines choses sont spéciales.

Travaillez dur à communiquer sur vos recherches 

J'étais quelqu'un de communicant dès le début de ma carrière comme assistant de recherche à l'université d' Aberystwyth. Le livre déroule une histoire sur plusieurs décennies à laquelle a été ajouté une série d'articles scientifiques. J'ai aussi inspiré des conférences en Grande Bretagne et à l'étranger.  j'ai aussi été amusée de générer des articles dont le titre était "les saumons cannibales" après avoir présenté une étude sur le régime alimentaire du saumon et dans lequel je mentionnais le cas d'un mâle maigre qui aurait potentiellement consommé sa progéniture. Aujourd'hui, j'utiliserais les réseaux sociaux ! #hydrobiologie  #pollution #Faberystwyth!

Jouez un rôle dans les réseaux scientifiques  

J'étais membre de nombreux comités scientifiques, dont l'association britannique pour l'évolution des sciences, Sigma Xi et la société écologique de Grande Bretagne. Les colloques scientifiques offrent l' obligation de produire un travail de grande qualité et des opportunités de voyager et de développer un réseau scientifique. Améliorez votre confiance en vous en parlant aux chefs de votre domaine. 

Voyagez pour acquérir de l’expérience 

Au début des années 1900, la science des eaux douces se développait en Europe et en Amérique du nord. j'ai traversé l'atlantique en bateau de nombreuses fois, seule avec seulement 100$ en poche. Un  voyage particulièrement mémorable vers une conférence de Toronto ne comportait quasi que d'éminents scientifiques hommes à bord.  j'ai pu vivre, enseigner et faire des recherches dans les universités britanniques et américaines.

Prenez du temps pour encourager d'autres femmes

Je serai enchantée d'être considérée comme un modèle pour les jeunes femmes scientifiques. Aux États-Unis, j'étais membre de Delta Epsilon Sigma, une association qui fut fondée pour offrir aux femmes un environnement où elles pouvaient travailler et interagir avec leurs pairs de la même manière que les hommes scientifiques le faisaient. Je me souviens encore d'un partie de Thé à l'Université de l'Illinois, juste avant le meeting de l'association américaine des femmes universitaires en octobre 1928 où j'ai représenté, comme invité d'honneur, les universités britanniques.

Soyez généreux avec vos étudiants (et vos équipes), ils vous récompenseront aussi

Une bonne relation entre enseignants et étudiants cultive une bonne compréhension et stimule l'apprentissage. L'un des prix qui m'a marqué fut d'être élue membre d'honneur par mes étudiants de premier cycle à Washington. L'écriture d'un livre, au début de ma carrière fut un cadeau à mes étudiants. Prenez le temps de parler et de partager votre savoir. 

La recherche interdisciplinaire est vitale pour avancer et comprendre le monde 

Dans "Life in Inland Waters",  j'ai plaidé pour l'interdisciplinarité dans la recherche, combinant des approches chimiques et biologiques pour évaluer la qualité de l'eau. Je voudrais contribuer à la recherche actuelle sur les liens entre l'environnement naturel et le bien-être humain parce que je crois que le temps passé au bord des rives par les travailleurs citadins est bon pour la santé et pour avoir l'esprit tranquille.

Parlez plus d'une langue

Au début des années 1900, la science des eaux douces était dominée par les études européennes. Heureusement, j'étais bien placée pour les présenter et les expliquer à une audience étrangère car mon père était allemand et que j'avais une connaissance du français.  Connaître plus d'une langue augmente votre capacité à accéder à l'information,  en particulier les savoirs autochtones, et peut vous ouvrir des opportunités de collaboration. Inscrivez-vous à des classes d'espagnol ou de gallois !

Démontrez les applications pratiques de votre travail

La nature est importante en soi - être là pour en profiter et la protéger - mais aujourd'hui j'apprécie que le dernier chapitre de "Life in Inland Waters" se lise comme un précurseur des concepts de services rendus par les écosystèmes. Je le trouve important pour démontrer le plus large contexte socio-économique de mon travail : depuis l'évaluation financière du saumon vendu au Marché Billingsgate de Londres jusqu'au risque sur la santé humaine d'une eau sale. Mes recherches informent des efforts réalisés par les comités de rivière pour redresser la situation. Peut-être s'agit-il d'un exemple précoce de recherche ayant un impact socio-politique.

Portez des vêtements adaptés lorsque vous êtes sur le terrain et soyez en sécurité

Pouvez-vous envisager la possibilité de réaliser un échantillonnage en rivière en portant une jupe longue ? Heureusement pour moi, après la première guerre mondiale, les femmes eurent la possibilité d'adopter des vêtements de travail plus pratique, dont des pantalons.  Je peux affirmer que dans l'histoire de la recherche scientifique, le développement de vêtements de sport a permis de rendre le travail de terrain socialement plus acceptable pour les femmes écologues.  Travailler dans l'environnement aquatique comporte des risques et il est nécessaire de respecter des exigences en matière de sécurité. Soyez raisonnable. 

***


image1 
Cwmystwyth, une mine de métaux  près de Aberystwyth au Pays de Galle. La rivière  Ystwyth à gauche de la photo était lourdement polluée par les mines.  Image: W. L. Kovach 

La prochaine étape pour moi serait donc de lire ce livre "Life in Inland Waters"... Encore faut-il se le procurer. Si un lecteur du blog a une piste à ce sujet, qu'il n'hésite pas à laisser un commentaire !

(suite à un commentaire, voici le lien vers Life in Inland Waters"
http://krishikosh.egranth.ac.in/bitstream/1/2040323/1/TNV-40.pdf)

Outils de sensibilisation à l'hydromorphologie

Aujourd'hui je vous partage un site bien utile pour comprendre ou faire comprendre les notions liées à l'hydromorphologie des cours d'eau. 

Il s'agit de la plateforme "hydromorphologie" créée par l'union nationale des CPIE ( Centre Permanent d'Initiative pour l'Environnement) qui regroupe de nombreux outils pédagogiques, notes techniques, documents, vidéos, etc en lien avec l'hydromorphologie des cours d'eau.


J'avais déjà partagé certaines vidéos ou support sur le blog mais maintenant elles sont toutes centralisées sur ce site, ce qui en fait un lien bien pratique !




Le site se décompose en plusieurs onglets en fonction du public visé : Grand public, élus et techniciens 

Bonne lecture

lundi 16 janvier 2017

Applications pour hydrobiologistes


Vous êtes un peu geek dans l'âme ? Vous avez un smartphone et aimeriez avoir autre chose que Candy Crush dessus ? Voici une liste d'applications qui sont faites pour vous.


1. River Invertebrate App

Pour cette première application, il faudra dépenser de l'argent et parler anglais ... Dommage car elle est vraiment plaisante ... Une vraie clef de détermination des invertébrés d'eau douce ! J'espère qu'une telle clef sera développée un jour en français...




  

2. Qualité Rivière
Une application développée par l'agence de l'eau RMC pour connaître la qualité des cours d'eau selon les critères et analyses de la DCE. Mais aussi la liste des espèces piscicoles présentes aux stations étudiées. 



3. River App

Les niveaux d'eau de 10 000 rivières (20 000 stations dans le monde, autant dire que toutes les rivières françaises n'y sont pas referencées) disponibles... Pour savoir si c'est le bon moment pour réaliser son IBGN ou sortir sa canne à pêche !


4. INPN espèces 

En mai, le Museum National a lancé "INPN espèces" pour apprivoiser et reconnaître la biodiversité plus ou moins ordinaire ....


5. Plantenet mobile

Une appli très bien faite pour vous permettre d'identifier les plantes... En complément d'un livre de botanique avec sa clef de détermination, bien sûr ! Mais bien facile d'utilisation et plutôt efficace.
 


Et vous, quelles applications utilisez vous ?

jeudi 12 janvier 2017

Colloque LIFE Continuité écologique : CHANGEMENT DE DATES

Il y a un mois j'avais diffusé un avis de colloque concernant la restitution du LIFE Continuité écologique. Initialement prévu en mars, les dates de ce colloque ont changé et il aura lieu les

31 Mai, 1er Juin, 2 juin 2017



Toutes les informations sont disponibles sur le site du LIFE dédié, ici

Voici le programme des 3 jours