mardi 26 juin 2012

Massacre à la fourchette : sauvons les poissons

Voici un petit “conso-guide” bien utile, pour savoir si je consomme éco-responsable !

Avec ma fourchette, suis-je une menace pour l’ichtyofaune ? A vous de voir…
Ce guide est édité par le WWF (cliquer pour que l’image apparaisse en entier)

guide poissons menacés

dimanche 24 juin 2012

La gambusie face aux moustiques, amie ou ennemie ?

C’est l’été… !  (Enfin il parait…) Et donc la saison des moustiques !

En 1924, en Corse  puis entre 1927 et 1931, sur le continent, plus particulièrement en Camargue, il a été introduit une petite espèce  appelée Gambusie (Gambusia affinis). C’est un petit poisson (3 à 7 cm) d’eau douce – des eaux calmes – parfois appelés “guppy sauvage”. Son régime alimentaire est constitué, entre autre, de larves de moustiques et c’est pour cette raison que ce poisson a été employé comme agent de lutte biologique, auxiliaire de démoustication partout dans le monde.

Il est originaire d’Amérique centrale et de Floride – lieux où il est connu sous les noms de « mosquito fish » ou de « pez mosquito ».

Elle a de plus la particularité d’être le seul poisson vivipare de notre ichtyofaune (et ainsi, la survie de la frai est plus important). Les introductions ont été en général des succès, mais plus ou moins durables et complets ! Cette espèce présente a priori l’avantage de ne pas prendre la place d’une espèce indigène ni s’attaquer à des proies utiles à l’écosystème. Je dis « a priori » car les opérations ont rarement été accompagnées d’études entomoichtyologiques, permettant de s’en assurer…

gambusie
 Photo issue de”global invasive species database” http://www.issg.org

En Camargue, Crivelli et Boy, en 1987, ont décrit et analysé les variations du régime alimentaire de la gambusie. Hors période de reproduction, elle consomme surtout des petits crustacés, copépodes et cladocères ; en revanche, de juin à septembre, elle s’intéresse surtout aux insectes. Tout au long de l’année, ceux-ci sont à la fois des insectes du fond, larves de diptères chironomidés et empididés, et des insectes de surface, comprenant des espèces aquatiques (adultes et nymphes de diptères, collemboles et trichoptères) et des espèces terrestres (surtout des fourmis).

L’été, la gambusie consomme plus d’insectes aquatiques : imagos et larves de coléoptères, hémiptères, odonates, éphéméroptères ; à quoi elle ajoute un peu d’hydracariens mais pas spécialement friand de moustiques.

On peut alors se demander si les gambusies ne sont réellement pas nuisibles aux poissons locaux ?

Quelques cas ont été reportés où l’on a trouvé des alevins de poissons indigènes dans leur tube digestif. Aux États-Unis, dans les ruisseaux des montagnes de Santa-Monica, on a retrouvé une forte proportion de têtards d’une reinette (Hyla regila) dans l’estomac de Gambusies qui avaient pourtant beaucoup de moustiques à leur disposition ; mais la reinette demeure abondante.

gambusie dessin
Dessin issu de”global invasive species database”

Les gambusies, opportunistes, ne consomment au final les moustiques que s’ils sont relativement nombreux. En absence de ceux-ci,  elles trouvent néanmoins facilement de quoi se nourrir ce qui permet un fort maintien de l’espèce. D’une façon générale, en tant qu’agents de lutte, les Gambusies sont jugées efficaces si on les introduit avant la pullulation de leur cible et inefficaces contre des populations de moustiques bien installées.

Par conséquent, en France, aujourd’hui, on ne considère plus la gambusie comme efficace en matière de démoustication, mais elle est désormais bien présente. Elle est même quasiment partout à proximité des côtes, même dans des secteurs où elle n’a pas été introduite en vue de la démoustication : comme le canal de Nantes à Brest…

L’avenir et surtout les pêches électriques nous diront avec le temps si encore une fois ce type d’introduction était “sans conséquence”… Dans certains pays (nouvelle Calédonie), elle revêt le statut d’espèce envahissante.

Pour écrire cet article, je me suis inspiré d’un article écrit par Alain Fraval et publié dans la revue « Insecte » Revue d’écologie et d’entomologie de l’Office Pour les Insectes et leur Environnement -  n°125, 2002.

jeudi 14 juin 2012

Le poisson robot, suite

Voici donc les premières images du poisson robot détecteur de pollution, après que les essais eu été validés en Espagne le mois dernier

shoal poisson

Et une petite vidéo du poisson en action…Enfin en nage… !
La présentation faite dans un reportage de la BBC


mardi 12 juin 2012

Les anguilles et la mer des Sargasses : mythe ou réalité

Qui ne connaît pas ce poisson qu’est l’anguille, soit pour l’avoir dégusté « à la bordelaise », soit pour l’avoir croisé « sous roche » …

Cette espèce (anguilla anguilla) est un grand migrateur dont on connaît aujourd’hui assez bien le cycle en eau douce mais dont le voyage en eau salé reste en partie assez mystérieux.

1/ La théorie de Schmidt (1920)

Pour faire court, voici un petit schéma pour illustrer le cycle de vie de l’Anguille (issu du site RMC Eau-France), telle qu’il est admis aujourd’hui.

cycle anguille

La ponte a lieu en Mer des Sargasses, puis suite à l’éclosion des œufs, les larves se laissent porter par les courants marins (Gulf Stream) vers les côtes européennes. A l’approche des cotes, ces larves vont subir une première métamorphose (modifications morphologiques, anatomiques et physiologiques) pour devenir des civelles (ou pibales au sud de la Loire), transparentes.

ang transparentes

Elles deviennent ensuite des anguillettes remontant les cours d’eau plus ou moins loin à l’intérieur des terres. Les anguillettes deviennent des anguilles jaunes qui continuent leur croissance et leur progression vers l’amont.  Ce stade dure plusieurs années. 

La phase de croissance s’achève par une deuxième métamorphose transformant les anguilles jaunes en anguilles argentées, prêtes à regagner les grandes profondeurs océaniques. A l’automne, lors des premières crues, les anguilles argentées regagnent la mer, portées par le courant. La migration, longue de 5000 km (d’une durée de 4 mois) reste mal connue et entretient le mystère de l’anguille.

2/ La théorie du Dr Bellet (2011)

Roland Bellet, Docteur vétérinaire spécialisé en ichtyologie, s’est en partie consacré à l’étude de la reproduction de l’anguille, suite à des observations qu’il a fait dans ses piscicultures et claires de marennes.

Il considère qu’en réalité, une fraye des anguilles européennes a lieu dans dans les estuaires marins de nos rivières et fleuves côtiers, en milieu salé.

Ses preuves :
• La présence dans l’abdomen de quelques œufs non expulsés après la ponte, d’anguilles femelles pêchées sur les vasières côtières.
• La découverte d’un leptocéphale nouveau-né dans sa claire à anguilles près de Marennes.
• La découverte, par deux fois, d’une frayère importante à l’Ile d’Oléron en avril 2011.

anguille

Il considère alors que les leptocéphales recueillis dans la mer des Sargasses par Schmidt vers 1920 et plus tard, étaient en majorité des larves  d’anguilles tropicales,  dites de Cuba – plus petites. Il pense alors qu’il est impossible aux anguilles reproductrices d’Europe de traverser l’océan Atlantique – pour des raisons de distance, de température, de pression et de la physiologie même de ces poissons.
 
Pour lui, un tel voyage n’aurait biologiquement aucun sens.

Il dénonce notamment des erreurs de pensées scientifiques a propos de la biologie de l’anguille :
•  l’anguille européenne n’est pas un poisson pélagique, c’est-à-dire un poisson de haute mer. Elle ne l’est ni sous sa forme larvaire ni sous sa forme adulte. C’est au contraire un poisson benthique, un poisson de fond et plus particulièrement un poisson qui vit dans la vase.
•   la seule migration qu’il effectue est une migration de la zone côtière, vers l’amont des fleuves et rivières d’eau douce du continent puis la dévalaison lors de son retour à la côte. Ce séjour de plusieurs années en eau douce tempérée, lui permet une forte croissance physique, accroît sa longévité et retarde sa maturité sexuelle.
•   l’anguille adulte argentée revenue en mer séjourne à l’embouchure de son estuaire de rivière ou de fleuve et ne va pas en haute mer.

Elle y vit essentiellement dans la zone du bouchon vaseux qui s’y trouve, zone éminemment riche en éléments nutritifs

Selon lui la reproduction se ferait de la manière suivante :
 
Les femelles quittent le fond du « couraud » principal qu’elles occupaient pour aller sur les vasières latérales en zone plus salée ou dans un chenal vaseux et salé. Elles y creusent leurs terriers et vont y recevoir les jeunes et vieux mâles lesquels sont aussi en développement sexuel. La ponte et la fécondation y auront lieu.
 
Les larves (leptocéphale) n’ont ensuite selon lui pas les caractéristiques biologiques permettant un voyage important. Ces larves resteraient su place pour se nourrir et grossir dans le bouchon vaseux.
Cette théorie se base notamment sur une observation (en 2005 puis en 2009) de larve (leptocéphale) dans ses claires de marennes alors que ce stade ne devrait être visible qu’en mer des sargasses.
De plus, en avril 2011, il observe ce qu’il pense être une fraye d’anguille à l’île d’Oléron : suite à des conditions météorologiques très particulières, un rassemblement nocturne inhabituel d’anguilles se fait dans des chenaux marins.

terriers
Terriers d’anguilles dans la vase d’une « claire » de Marennes desquels on a vu les habitantes sortir lors de la mise à sec complète alors que cet habitat n’est jamais signalé dans les livres spécifiques.
L’ouvrage entier du Dr Bellet étudie et décrit bien d’autres aspects de la vie de l’anguille.

Le résumé complet de l’étude du Dr Bellet (900 pages !) se trouve sur ce petit site internet http://reproduction-anguille.anguilla-bellet.com/index.htm

Les photos sont issues de ce site et sont la propriété du Dr Bellet.

J’ai pris contact avec le Dr Bellet mais malheureusement, il est décédé en automne 2011 à l’âge de 91 ans, en défendant jusqu’au bout cette théorie (comme vous le verrez en lisant son témoignage sur le site).

jeudi 7 juin 2012

Drosera : plante mangeuse d'insectes

Il y a trois ans, à cette époque, je sillonnais les highlands en Ecosse… Quel pays magnifique. Et lors de ce voyage, nous avons eu l’occasion de croiser le chemin d’espèces rares dont la drosera. Petit flash back aujourd’hui.

La Drosera (Drosera rotundifolia) est une petite plante, rare en France et totalement protégée.
Elle est aussi appelée Rossolis : Rosée du soleil !

Mais au-delà de sa rareté, sa particularité réside dans le fait qu’il s’agit d’une plante carnivore ! Les insectes sont attirés par l’aspect humide des tentacules (peut-être également par une substance odorante secrétée par la feuille) et s’engluent. En se débattant l’insecte ne parvient qu’à exciter le poil qui se courbe de manière à ramener sa proie dans le centre de la feuille. Dès la capture le stimulus produit par le contact de la proie déclenche la production d’enzymes digestifs.

Les parties “indigestes” (carapace, pattes, ailes) sont relâchées lorsque la feuille s’ouvre quelques jours plus tard.

drosera

C’est une petite plante que l’on trouve dans les secteurs humides comme les tourbières. Les photos ont été prises à proximité du Loch Maree en juin 2009.

loch maree

vendredi 1 juin 2012

Le "i-poisson"


Poissons robots : prouesse technique
 
Ma découverte scientifique du soir !

Il s’agit de poissons robots, mis au point par des chercheurs européens, notamment pour détecter les pollutions marines ( en quelques heures alors qu’il fallait plusieurs semaines jusqu’à présent) ou même pour aider au sauvetage en mer ! Ces poissons existent depuis plusieurs années mais les tests qui ont eu lieu ces derniers jours en Espagne sont en phase finales et sont très concluants.

Au total, cinq poissons robots ont été mis à l’eau afin de tester leur efficacité. Ces prototypes, démunis de tout système de pilotage à distance, ont été programmés pour agir de manière autonome durant huit heures et retourner au port d’attache une fois ses batteries déchargées. Ils ont été conçus sous la forme d’une carpe et imitent à la perfection les mouvements des autres poissons pour se déplacer dans l’eau à une vitesse maximale d’un mètre par seconde. La détection de source de pollutions (carburants ou produits chimiques) se fait aux moyens de capteurs spécifiques fixés à l’appareil.

Le coût unitaire d’un poisson robot s’élève actuellement à 24.700 euros.

Voici un apperçu vidéo d’un exemple de cette merveille de technologie …