Jean Verneaux, c'est presque l'hydrobiologie résumée en un seul nom. L'IBGN, la typologie des cours d'eau, les peuplements piscicoles théoriques, et tant d'autres sujets lui sont associés.
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La thèse de Jean Verneaux, 1973 |
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Voici la préface de sa
thèse :
« Il s'agit en fait d'une longue
histoire commencée avec mon père il y a quelque vingt-cinq ans sur les
berges du Doubs, qui s'achèvera sans doute dans quelques années avec la
mort de la rivière (…) L'écologie c'est d'abord et surtout le terrain ;
les chercheurs ne le fréquentent jamais assez et la cause première de ce
travail est, je crois, constituée par les cours d'eau eux-mêmes, par ce
qu'il en reste dois-je actuellement écrire ».
Dans un
article de la revue électronique Vertigo, traitant des enjeux politiques de l'indice biotique en France (1964-1969) écrit par Gabrielle Bouleau, on peut lire au sujet de Jean Verneaux
"Trois experts des cours d’eau furent à
l’origine de l’indice biotique : Germain Leynaud (adjoint au directeur
du laboratoire central d’hydrobiologie), Jean Verneaux et Guy Tufféry.
Tous les trois étaient pêcheurs amateurs en rivière et avaient
conscience de s’engager dans une lutte politique contre la dégradation
des cours d’eau, bien qu’aucun ne se revendique de l’écologie politique."
L’engagement de Jean Verneaux dans la connaissance des invertébrés benthiques relevait davantage d’une passion cognitive (Roux et al., 2009)
pour laquelle il éprouvait beaucoup de joie. Il consacrait beaucoup de
temps à prélever et déterminer des espèces. Originaire de Besançon,
titulaire d’un DES de physiologie animale (1961), chargé de cours au
centre d’hydrobiologie à l’université de Franche-Comté, il fut recruté
au CERAFER en 1967 pour développer les recherches hydrobiologiques du
laboratoire et mettre au point rapidement une méthode pratique de
détermination de la qualité des eaux courantes. Il avait été
co-fondateur d’une association agréée de pêche et de pisciculture (AAPP)
dont son père fut président, puis membre du bureau de la fédération de
pêche du Jura. Il avait exercé les fonctions de garde-pêche privé et
effectué des relevés de faune benthique pour sa propre curiosité dès
1959. Il publia en 1966, un profil biologique du Doubs dans le bulletin
de la société d’histoire naturelle. C’est également sur le Doubs et ses
affluents que porte sa thèse d’état. Il partageait avec Leynaud le
projet politique de rendre publiquement visible la dégradation
biologique des cours d’eau.
Voici à ce sujet une vidéo où Monsieur Verneaux est interviewé à propos du Doubs en 1973 (à partir de 3:45).
Pour moi, Jean Verneaux restera bien sûr associé au DESS d'hydrobiologie de
Besançon, "mon" DESS. Promotion 2002/2003, j'ai eu la chance de suivre
les cours de cet homme, charismatique, le visage marqué, sa cigarette à
la main... Parfois les cours tenaient plus de la leçon d'écologie qu'à
l’enseignement théorique, martelant que nous devrions protéger en
priorité ce qui est encore sauvable parmi les milieux aquatiques et la
faune qui leurs sont inféodés. Il fut aussi mon référant dans la rédaction de mon mémoire de fin d'étude, m'aidant à la détermination de la macro-faune benthique des cours d'eau jurassiens impactés par la viticulture...
Finalement, ce blog, c'est aussi
grâce à lui qu'il existe...
Jean Verneaux nous a quitté le 10 février 2017 à l'âge de 80 ans.
Merci pour tout Monsieur Verneaux.