C’est l’été… ! (Enfin il parait…) Et donc la saison des moustiques !
En 1924, en Corse puis entre 1927 et 1931, sur le continent, plus
particulièrement en Camargue, il a été introduit une petite espèce
appelée Gambusie (Gambusia affinis). C’est un petit poisson (3 à
7 cm) d’eau douce – des eaux calmes – parfois appelés “guppy sauvage”.
Son régime alimentaire est constitué, entre autre, de larves de
moustiques et c’est pour cette raison que ce poisson a été employé comme
agent de lutte biologique, auxiliaire de démoustication partout dans le
monde.
Il est originaire d’Amérique centrale et de Floride – lieux où il est
connu sous les noms de « mosquito fish » ou de « pez mosquito ».
Elle a de plus la particularité d’être le seul poisson vivipare de
notre ichtyofaune (et ainsi, la survie de la frai est plus important).
Les introductions ont été en général des succès, mais plus ou moins
durables et complets ! Cette espèce présente a priori l’avantage de ne
pas prendre la place d’une espèce indigène ni s’attaquer à des proies
utiles à l’écosystème. Je dis « a priori » car les opérations ont
rarement été accompagnées d’études entomoichtyologiques, permettant de
s’en assurer…
Photo issue de”global invasive species database” http://www.issg.org
En Camargue, Crivelli et Boy, en 1987, ont décrit et analysé les
variations du régime alimentaire de la gambusie. Hors période de
reproduction, elle consomme surtout des petits crustacés, copépodes et
cladocères ; en revanche, de juin à septembre, elle s’intéresse surtout
aux insectes. Tout au long de l’année, ceux-ci sont à la fois des
insectes du fond, larves de diptères chironomidés et empididés, et des
insectes de surface, comprenant des espèces aquatiques (adultes et
nymphes de diptères, collemboles et trichoptères) et des espèces
terrestres (surtout des fourmis).
L’été, la gambusie consomme plus d’insectes aquatiques : imagos et
larves de coléoptères, hémiptères, odonates, éphéméroptères ; à quoi
elle ajoute un peu d’hydracariens mais pas spécialement friand de
moustiques.
On peut alors se demander si les gambusies ne sont réellement pas nuisibles aux poissons locaux ?
Quelques cas ont été reportés où l’on a trouvé des alevins de
poissons indigènes dans leur tube digestif. Aux États-Unis, dans les
ruisseaux des montagnes de Santa-Monica, on a retrouvé une forte
proportion de têtards d’une reinette (Hyla regila) dans
l’estomac de Gambusies qui avaient pourtant beaucoup de moustiques à
leur disposition ; mais la reinette demeure abondante.
Dessin issu de”global invasive species database”
Les gambusies, opportunistes, ne consomment au final les moustiques
que s’ils sont relativement nombreux. En absence de ceux-ci, elles
trouvent néanmoins facilement de quoi se nourrir ce qui permet un fort
maintien de l’espèce. D’une façon générale, en tant qu’agents de lutte,
les Gambusies sont jugées efficaces si on les introduit avant la
pullulation de leur cible et inefficaces contre des populations de
moustiques bien installées.
Par conséquent, en France, aujourd’hui, on ne considère plus la
gambusie comme efficace en matière de démoustication, mais elle est
désormais bien présente. Elle est même quasiment partout à proximité des
côtes, même dans des secteurs où elle n’a pas été introduite en vue de
la démoustication : comme le canal de Nantes à Brest…
L’avenir et surtout les pêches électriques nous diront avec le temps
si encore une fois ce type d’introduction était “sans conséquence”… Dans
certains pays (nouvelle Calédonie), elle revêt le statut d’espèce
envahissante.
Pour écrire cet article, je me suis inspiré d’un article écrit par
Alain Fraval et publié dans la revue « Insecte » Revue d’écologie et
d’entomologie de l’Office Pour les Insectes et leur Environnement -
n°125, 2002.
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